Exposé

Les microplastiques : une contamination environnementale mal connue

Les quantités de microplastiques présentes dans l’environnement et l’impact engendré demeurent aujourd’hui mal connus. L’ADEME soutient des recherches tant sur les méthodes de métrologie que sur les impacts de cette pollution.


La contamination environnementale par les plastiques et leur évolution vers une phase de microplastiques (MP) sont étudiées depuis une quinzaine d’années. On retrouve ces MP dans les eaux, leur exutoire final, mais on évalue souvent assez mal les quantités provenant des sols et l’impact toxicologique et écotoxicologique de cette contamination en milieu terrestre. Au niveau mondial, le plastique est le 3e matériau le plus produit, représentant un demi-milliard de tonnes, derrière le ciment et l’acier. Son premier débouché est essentiellement l’emballage à usage unique, de sorte que 81 % des plastiques deviennent des déchets au bout d’une année. Leur dispersion dans l’environnement prend aujourd’hui des proportions majeures. D’une taille variant entre 1 µm (micromètre) et 5 mm, on distingue deux sources de MP. Les MP primaires sont directement produits sous forme de microparticules afin d’être ajoutés à des produits tels que les cosmétiques, les détergents, les produits d’entretien. Ils proviennent des pertes de granulés plastiques industriels, utilisés comme matière première par les plasturgistes. Ils sont également issus de la fragmentation de macroplastiques par usure (fibres textiles, pneus…). Les MP secondaires sont générés par le vieillissement environnemental des plastiques (érosion de déchets sous l’effet des conditions environnementales d’ensoleillement, de frictions…).

Les recherches sur les milieux

Différents projets sont soutenus par l’ADEME. Certains visent à évaluer la contamination des sols en MP, d’autres leurs impacts écotoxicologiques (Microsof, Biomaleg, Plasticène, Cinape). Des projets concernent les contaminations des produits résiduels organiques destinés à avoir un retour à l’environnement (par exemple en matière fertilisante) ou le devenir des plastiques dits « biodégradables » (tels que les sacs plastique de fruits et légumes, amenés à être compostés soit domestiquement soit de façon industrielle). En parallèle, l’ADEME participe au réseau européen SOILVER dans lequel un état de l’art de la contamination dans les sols et les eaux souterraines a été réalisé par l’INERIS et des collaborateurs belges et néerlandais (projet MISSOURI). En mars 2022, un appel à projets de recherche (APR) a été lancé conjointement par l’ADEME et l’Office français de la biodiversité (OFB) pour évaluer le transfert des MP dans les écosystèmes continentaux, afin d’anticiper les besoins réglementaires de surveillance et de gestion de ces pollutions. Quatre lauréats ont été sélectionnés. Par ailleurs, une thèse évalue le devenir et les impacts des microplastiques dans l’environnement terrestre sur un escargot potentiel candidat comme bio-indicateur (lire article Thèses). L’ADEME a déjà accompagné le développement d’un bio-indicateur de contamination des eaux fluviales et marines à travers des moules (MusselPlast).

La recherche sur la métrologie en milieu solide

Estimer la concentration et/ou l’impact de cette pollution nécessite de disposer d’outils de routine facilement utilisables par les acteurs. Or si différentes techniques existent en laboratoires, aucune ne fait aujourd’hui référence ni n’est normalisée. Par différence avec le milieu liquide, l’analyse dans le sol échantillonné induit des difficultés analytiques, en premier lieu pour isoler le plastique. En effet, celui-ci va se mélanger à des matières organiques. Différentes méthodes coexistent soit pour estimer le volume de contamination en dégradant selon divers procédés la matière organique emprisonnant les microparticules de plastique ; soit pour déterminer la nature et la composition des plastiques impliqués. L’ADEME, à travers différents dispositifs (APR et études), soutient donc des recherches visant à améliorer la métrologie.

Un besoin opérationnel : le plan de lutte contre la pollution des océans

Le One Ocean Summit, organisé à Brest en février 2022, a réuni plus de 40 pays et des acteurs du monde maritime pour agir pour la préservation des océans. À cette occasion, la France a annoncé la résorption des décharges littorales dans les 10 ans à venir, dont trois dès 2022 (Dollemard, Fouras, Anse Charpentier). L’ADEME est chargée, par le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, de la gestion du fonds budgétaire de 300 millions d’euros destiné à la réhabilitation des décharges, en partenariat avec le CEREMA et le BRGM. 90 décharges historiques, situées à moins de 100 mètres de la mer, vont devoir être sécurisées. Il est indispensable de disposer rapidement de méthodes fiables d’évaluation des contaminations en MP dans les sols, les sédiments marins et le milieu aquatique, et également de techniques permettant d’extraire les MP des matériaux présents dans ces décharges afin de pouvoir les réintégrer dans un cycle d’économie circulaire.